Il est comédien. Il est dans les coulisses et il s’apprête à entrer en scène. Pour jouer Ruy Blas. Autour de lui, on s’agite, mais lui il est dans son monde à lui, dans son trac, avec à la fois l’appréhension et l’impatience de commen-cer. Il est avec l’auteur, son personnage et son propre vécu. Et dans ce moment suspendu avant la représenta-tion, tout se bouscule : états d’âme, émotions, souvenirs, doutes, visions, remises en question… le temps n’existe plus, il est dilaté ! Et il va s’en passer des choses pendant ce temps… et des merveilles…
Les entrailles du Théâtre
Nous voilà projetés dans un monde à la fois familier et mystérieux. Familier parce que nous croyons parfois le connaître un peu à travers tout ce qu’on en découvre dans les médias, et pourtant méconnu quand on n’y a pas pénétré, parce qu’il recèle tant de spécificités, de surprises et de passions de toutes sortes. Le spectacle nous emmène dans tous les coins et recoins de ce monde peuplé d’êtres si dissemblables et géré par des activités si diverses. On passe constamment du plateau aux coulisses : à partir d’une scène hautement littéraire ou complètement déjantée, on côtoie non seule-ment des comédiens, mais des musiciens et des danseurs, que ce soit de comédie musicale ou de variété, on bascule dans la technique, avec les « artisans de l’ombre », qui nous révèlent un univers aussi pragmatique que féérique, un ballet d’artifices et de pendrillons, de questions de costu-mes, de son, de projection, de musiques, de danse, d’effets spéciaux à résoudre, et qui nous montrent ce qu’on n’est pas censé connaître.
« Le Théâtre ce n’est pas ceci ou cela, c’est ceci et cela »…
… disait Laurent Terzieff : tant au niveau des individus que des styles d’expression, des compétences et des genres artistiques. Dans ce monde, tous dépendent les uns des autres, et ce n’est pas parce qu’on est plongé dans les impératifs exigeants d’un théâtre qu’on n’a pas d’états d’âme d’ordre privé, de problèmes personnels à régler. Alors quand tous ces univers se mêlent, cela donne un kaléïdoscope à la fois pittoresque, drôle, émouvant, souvent surprenant, voire facétieux, et toujours attachant.
Un hommage joyeux
Ce spectacle a été écrit et créé par Robert Bouvier, pour célébrer les vingt ans d’existence du Théâtre du Passage, à Neuchâtel, qu’il dirige depuis sa création. C’est le dernier volet d’une trilogie commencée avec Les Gloutons et Le Chant du Cygne (présenté dans la Nouvelle Scène en 2017 avec Roger Jendly). Acteur, metteur en scène et directeur de théâtre, Robert Bouvier connaît intimement tout ce qui touche au monde du spectacle et a toujours été fasciné par les nombreux métiers et les mystérieux processus de la création théâtrale, de sa conception à son aboutissement. En révélant ce qui se passe derrière la scène, en jouant avec l’illusion, avec la démystification et avec les codes d’un univers foisonnant, il rend hommage à tous ceux qui en font partie pour nous y transporter et nous emmener hors de notre quotidien.
