«Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris » raconte Victor Hugo dans ses « Feuilles d’automne ». Mais lorsque cela arrive dans la respectable famille Jaquet, un tel événement se transforme en cata-clysme : Madame se retrouve enceinte alors qu’elle n’est plus de première jeunesse, tandis que Monsieur, sénateur et sous-secrétaire d’état, vient de faire voter l’interdiction des maisons closes et imposer de sévères sanctions en cas d’avortement. Tout cela en pleine période électorale. Accueillir – ou pas – un enfant dans ces circonstances relève de l’auto-flagellation ! Et quand, de surcroît, la progéniture de ces deux êtres estimables est en âge, elle aussi, de procréer, oscillant entre vice et vertu et pas forcément dans les meilleures conditions, l’évolution de la famille devient problématique…
Une comédie paradoxale
Comédie de mœurs, comédie de caractère, comédie satirique à l’esprit souvent percutant, au comique la fois cocasse, burlesque et même poétique, cette pièce est un melting-pot original : elle réunit une intrigue bien conçue, des rebondissements, des quiproquos, des dialogues jubilatoires, des portraits psychologiques, des réflexions sociétales… le tout autour d’un thème plutôt grave et des questions touchant à la morale et à la philosophie de vie ! Un mélange assez détonnant pour une pièce sur un sujet délicat et particulièrement tabou à l’époque de sa création.
Vous avez dit « vintage » ?
Septante ans après sa création, on pourrait croire que cette pièce n’est intéressante que par son rôle de carte postale d’une période historique et d’une société suran-née. On s’aperçoit cependant que si la société a beaucoup changé, non seulement certaines mentalités restent, consciemment ou non, bien ancrées dans les esprits, mais que des questions qu’on pensait appartenir définitivement à un passé révolu, se mettent à résonner à nos oreilles contemporaines et redeviennent des sujets d’actualité avec la montée des conservatismes et la remise en question de l'accès à l'IVG.
Réhabilitation…
Michel Fau aime réhabiliter certains auteurs du milieu du XXème siècle. Trop récents pour qu’on les considère avec le respect dû aux « classiques », trop « démodés » pour qu’on les reçoive comme des écrivains contemporains, bon nombre d’auteurs alors célèbres végètent dans un purga-toire littéraire souvent injustifié. Ainsi, André Roussin, célébrissime de son vivant, et même devenu membre de l’Académie française, a écrit une trentaine de pièces, dont certaines ont été des succès phénoménaux, jouées par des interprètes prestigieux, tandis que d’autres mériteraient d’être redécouvertes. Michel Fau leur redonne vie sans chercher à les transposer dans notre époque, ni mettre en évidence le charme de la désuétude, mais en se les réappropriant et en les intégrant à son univers baroque. Dans sa mise en scène souvent décalée, avec un décor à l’humour symbolique qui se modifie subreptice-ment au gré de l’évolution de la situation, il joue avec les clichés du boulevard et s’amuse à souligner les petits et grands travers humains en mêlant caricature, surréalisme et finesse.
Avec
Catherine Frot,
Michel Fau,
Anne-Guersande Ledoux, Laure-Lucile Simon,
Baptiste Gonthier,
Sanda Codreanu,
Maxime Lombard
Mise en scène
Michel Fau
Décor
Citronelle Dufay
Costumes
David Belugou
Lumières
Antoine Le Cointe
Production
Richard Caillat – Arts Live Entertainment, en accord avec le Théâtre de la Michodière
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