CHF 10 - 82
Fantasio est un jeune homme fantasque, un idéaliste désabusé qui vit au gré de ses humeurs avec une bande de vauriens, toujours prêts à faire des blagues potaches et à trouver le moindre prétexte pour faire la fête et se moquer des bien-pensants. Apprenant la mort du fou du roi, il se met en tête de le remplacer, par désœuvrement et pour échapper à ses créanciers. Il va alors découvrir tout un monde qu’il ne soupçonnait pas et, au nom de ses principes à lui, à ses risques et périls il va se lancer dans des intrigues…
Classiques pour contemporains…
« Pourquoi cette pièce, cette fantaisie-là ? Pour le miroir qu’elle tend à la jeunesse, certes, mais pas seulement, dit le metteur en scène Laurent Natrella. Certains artistes ne veulent plus entendre parler des classiques : il n’y aurait que les auteurs contemporains qui auraient des choses à nous dire. Et pourtant, à travers leurs grands personnages, la plupart des classiques portent des valeurs universelles qui permettent de réfléchir à l’humain d’une manière plus complète. Quant à la jeunesse de notre époque, elle est souvent convaincue que les classiques sont ennuyeux – ne serait-ce que parce qu’on les étudie à l’école (!) et parce qu’ils parlent d’une époque qui, apparemment, ne peut plus les concerner. J’ai voulu répondre par une pièce qui est aussi un poème tout en témoignant d’un sujet intemporel, les jeunes en quête de sens. »
Jeune, jeune, jeune…
Après le rôle de Scapin mis en scène par Omar Porras (Nouvelle Scène 24-25), Laurent Natrella s’est vu confier un projet qui non seulement parlerait de la jeunesse, mais aurait été écrit durant la jeunesse d’un auteur et serait interprété par de jeunes professionnels. Ce Fantasio correspond en tous points à cette optique.
Après l’échec de sa première pièce, Musset décide de ne plus écrire pour la scène, mais pour la lecture. Il invente un nouveau genre, qui le libère de certaines contraintes dues aux conventions des représentations et lui permet de se laisser aller tant à ses mouvements d’humeur et de déprime qu’à une inventivité sans limites. Ainsi, Fantasio réunit à la fois le désenchantement et la fougue, la morosité et la révolte, la rêverie et les tourments qui caractérisent souvent le passage à l’âge adulte. Ce qui donne à cette pièce une intrigue parfois débridée, une sorte de conte féerique, plein de légèreté et de mélancolie, dans lequel on pourrait déceler un soupçon de Shakespeare, de Marivaux, et de Hoffmann…
Pop culture et classicisme ?
Paradoxe : la liberté d’écriture que s’est donnée Musset pour échapper aux contraintes scéniques de son temps devient une contrainte pour réaliser sur scène ses multiples lieux, tableaux et personnages… Alors cette mise en scène se met au diapason de cette liberté, avec une scénographie insolite et un foisonnement de costumes fantaisistes !
« Je pourrais définir cette mise en scène comme le croisement entre une modernité radicale émanant de cette jeune équipe et la grande tradition théâtrale de notre époque, précise Laurent Natrella. J’aime respecter l’écriture originale et l’esprit très poétique du texte, tout en recherchant des angles d’interprétation plus actuels. Pour servir cette œuvre fulgurante de jeunesse, il me fallait des acteurs et des actrices fulgurants de jeunesse et qui soient fantasques, fantaisistes, inventifs et créatifs. Je souhaite faire vivre les images poétiques de cet auteur dans leur vibration charnelle afin de créer une poésie de l’émotion. »